Faut-il courir la distance complète à l'entraînement ?
Ah, cette fameuse question ! Celle qui trotte dans nos têtes à chaque préparation pour un marathon, un trail ou même un ultra-trail. Faut-il vraiment couvrir la distance exacte lors de l’entraînement pour être prêt le jour J ? Une interrogation légitime, surtout pour celles et ceux qui en sont à leurs débuts dans le monde fascinant de la course à pied longue distance. Prenez un café, installez-vous confortablement, et explorons ensemble cette thématique, car la réponse n’est pas si simple…
Courir la distance d’une course à l’entraînement : une fausse bonne idée ?
Lorsqu’on se lance dans la préparation d’un marathon ou d’un ultra, on pourrait penser que la meilleure manière de se préparer est d’accomplir la distance totale au moins une fois, pour “voir si on tient”. Une idée intuitive, mais qui peut se révéler contre-productive à plusieurs égards. Pourquoi ?
D’abord, courons ensemble dans le terrain de la physiologie, là où se joue la magie de nos entraînements. Chaque course longue distance inflige un stress important à notre corps : micro-déchirures musculaires, fatigue articulaire, épuisement des réserves énergétiques… Courir 42 km à l’entraînement (ou pire, plus de 60 km pour un ultra) sans un objectif précis peut augmenter de manière significative votre risque de blessure. Et que vaut une préparation impeccable si elle vous contraint à déclarer forfait à cause d’une inflammation au genou ou d’un début de tendinite ?
Ensuite, il ne faut pas sous-estimer l’impact mental d’une telle tentative. Imaginez cette situation : vous courez votre 42 km en entraînement et terminez exténué, à bout de souffle, avec le doute grandissant de ne pas être prêt pour l’événement. D’un point de vue psychologique, cela peut être une expérience démotivante. Un coureur aborde une course avec ses jambes, certes, mais aussi avec sa tête.
Construire une préparation efficace sans parcourir toute la distance
Alors, si courir la distance complète n’est pas une nécessité, comment s’y prendre pour bien se préparer ? Tout est une question de stratégie et de progressivité.
Les plans d’entraînement modernes privilégient la diversité des efforts : combiner des séances longues, mais légèrement plus courtes que la distance cible, avec du travail spécifique (fractions rapides, montées/descentes techniques pour le trail, par exemple). Par exemple, pour un marathon, beaucoup d’entraîneurs conseillent de limiter votre sortie longue à environ 30-35 km maximum. Pourquoi ? Parce qu’en ciblant des intensités adaptées, on peut obtenir des effets physiologiques équivalents sans pour autant “griller ses cartouches”.
Un parallèle peut être tracé avec une expédition en montagne. Vous n’iriez pas escalader le sommet lors de vos premiers essais, n’est-ce pas ? Vous choisiriez d’abord une ascension progressive, étape par étape, pour vous acclimater. De la même manière, l'entraînement doit permettre au corps et à l’esprit de “monter en puissance” sans précipitation.
Et n’oublions pas un allié bien souvent sous-estimé : la récupération active. Apprendre à gérer son effort après une forte sollicitation est un complément essentiel. Ces séances permettent de mieux encaisser les impacts liés aux longues distances et deviennent particulièrement précieuses pour les ultras.
Trouver confiance autrement : les bénéfices des simulations
Si courir la distance totale est souvent inutile, cela ne signifie pas qu’il faut ignorer les exigences physiques et mentales de votre défi. Se rapprocher des conditions de la course fait partie intégrante de l’entraînement. C’est là qu’entrent en jeu les “simulations”.
Par exemple, si vous préparez un trail technique, incluez des sorties dans des terrains similaires pour travailler les spécificités (comme les descentes cassantes ou les dénivelés importants). Ou encore, faites une sortie longue sur plusieurs heures avec votre sac de course complet, en testant votre ravitaillement et votre matériel. Ces entraînements immersifs sont l’occasion parfaite pour valider vos choix et ajuster les derniers détails.
Enfin, rappelons l’importance de bâtir une confiance progressive. Chaque kilomètre parcouru durant vos semaines de préparation alimente votre mental. À force d’enchaîner ces entraînements clés, vous aurez ce déclic : “Oui, je peux le faire.” Et ce sentiment, croyez-moi, vaut bien plus qu’un 42 km improvisé pour “vérifier”.
Ainsi, pour répondre à la question : faut-il courir la distance complète avant une grande course ? Non. Ce n’est ni nécessaire ni judicieux. Une préparation bien pensée privilégie la qualité, la progressivité et la diversité des efforts pour éviter les blessures. Travaillez votre endurance, vos spécificités et votre mental sans courir après un chiffre exact. Chaque coureur est unique ; trouvez ce qui vous convient le mieux. Et surtout, partagez vos expériences, vos doutes, votre excitation avec la communauté. Après tout, la magie du trail et des longues distances, c’est aussi le voyage, pas juste la ligne d’arrivée.

