Quand un trail urbain sème la discorde au cœur de Montpellier
L’Urban Trail de Montpellier 2025 aurait dû être une belle fête sportive, un moment de rencontre entre passionnés de course à pied et paysages urbains. Pourtant, cet événement s’est transformé en un sujet de tension, tant pour les traileurs que pour les commerçants locaux. Que s’est-il passé pour que ce rendez-vous attendu soit devenu une source de mécontentement ? Décortiquons ensemble les raisons de cette polémique.
Le cœur du trail… dénaturé ?
Courir un trail dans le béton ? Certains diront que cela a tout d’un oxymore. Le mot même de "trail" évoque des sentiers boisés, des pentes escarpées, l’odeur de la terre humide après une pluie d’été. Or, à Montpellier, ce 6 janvier 2025, on troquait les sentiers pour les pavés, les collines pour les marches du Peyrou, et les forêts pour des places bondées de passants.
Pour beaucoup de participants, cette approche "urbaine" était une promesse d’innovation. Une promenade sportive au cœur de l’histoire et des ruelles pittoresques de Montpellier, voilà de quoi séduire des citadins en quête d’adrénaline. Mais pour les puristes ? Ce fut un véritable affront à l’esprit du trail.
« Le trail, c’est avant tout une communion avec la nature, un défi contre soi-même dans des environnements parfois inhospitaliers », se désole François, un traileur aguerri venu de l’Aveyron pour l’événement. « Là, j’ai eu l’impression qu’on voulait juste cocher des cases Instagram plutôt que de vivre une expérience authentique. »
Alors, innovation ou perte d’authenticité ? La réponse dépend de votre rapport au trail… et sans doute, de vos attentes en tant qu’athlète.
Des commerçants sur la ligne de départ… des plaintes
Si les traileurs étaient mitigés, on ne peut pas dire que les commerçants montpelliérains étaient mieux disposés face à cet Urban Trail. Et pour cause : l’événement s’est tenu le premier samedi des soldes, un jour crucial pour leur activité. Imaginez un instant : des rues barrées, des clients détourés vers d’autres axes, et une foule de spectateurs bloquant l’accès à certains magasins. Pour les boutiques souvent fragiles, cette journée de perturbations est presque un cauchemar.
Linda, gérante d’une boutique de vêtements dans l’Écusson, explique avec lassitude : « Ces journées de soldes, c’est vital pour nous. Perdre ne serait-ce que 10 % de chiffre d’affaires à cause d’une organisation mal pensée, c’est énorme. Et surtout, on se sent mis de côté. Qui pense à nous dans ce genre de décision ? »
Le choix de cette date a renforcé un sentiment d’injustice. D’un côté, on valorise un événement apparemment bénéfique pour l’image de la ville. De l’autre, on ignore les enjeux économiques des petits commerçants déjà fragilisés par les crises successives.
Au-delà des chiffres, il y a aussi cette sensation de déconnexion entre les élus, les organisateurs et les gens "du terrain". Une fragmentation qu’aucune médaille finisher ne saurait colmater.
Trouver le juste équilibre : réunion de passions ou division ?
La polémique autour de l’Urban Trail de Montpellier 2025 rappelle une chose essentielle : organiser un événement de cette envergure dans un centre-ville vivant, riche d’une diversité d’intérêts, exige une coordination impeccable. Les coureurs, les commerçants, les habitants… chaque voix compte, mais toutes ne semblent pas toujours prises en considération.
Mais posons-nous la question : qu’est-ce qui pourrait changer à l’avenir ? Peut-être faut-il envisager une période moins stratégique pour les commerçants afin de ne pas perturber leur activité essentielle ? Peut-être faut-il également mieux comprendre les attentes des traileurs, pour éviter que l’innovation ne se transforme en désillusion.
Et vous, chers lecteurs ? Que pensez-vous des trails urbains ? Avez-vous déjà participé à ce type de course ? Était-ce une expérience marquante ou, au contraire, frustrante ? La ville et le sport peuvent-ils cohabiter sans froisser les sensibilités locales ?
Au final, le débat dépasse largement la course elle-même. Il s’agit de savoir comment concilier des passions différentes, des économies locales fragiles et des ambitions parfois déconnectées du quotidien. Peu importe si vous êtes un coureur ou un simple observateur, ce genre de réflexion nous invite tous à repenser comment nos événements sportifs peuvent devenir des ponts – et non des murs – entre les communautés.

