Courir maquillée : un geste anodin qui cache bien des secrets

Courir maquillée : reflet d'une confidence intérieure ou simple coquetterie ?

La course à pied, particulièrement sur les sentiers de trail ou à travers les distances interminables de l’ultra, met souvent en lumière l’essentiel : l’effort brut, le dépassement de soi, et cette connexion viscérale avec la nature. Pourtant, dans cet univers souvent perçu comme dépouillé de superficialité, certaines femmes prennent un contre-pied singulier : elles courent maquillées. Pourquoi ? Quelle histoire personnelle ou vision du sport se cache derrière ce choix ? Aujourd’hui, je vous propose une immersion dans ce sujet à la fois subtil et fascinant.
Courir-maquillée-:-un-geste-anodin-qui-cache-bien-des-secrets

Une armure de confiance sous forme de mascara

Imaginez une jeune femme qui enfile ses baskets par une matinée lumineuse. Elle part à l’aube, impatiente de s’élancer sur les chemins boisés habituels. Avant de quitter la maison, elle applique une touche de mascara, un voile léger de fond de teint ou un rouge discret sur ses lèvres. Ce rituel, pourtant simple, est pour elle une manière puissante de se sentir forte et alignée avec son image d’elle-même.

Pour beaucoup, le maquillage est bien plus qu’un simple outil esthétique. Tout comme enfiler une belle tenue pour un événement, se maquiller peut offrir ce supplément de confiance, ce sentiment que l’on est prêt à affronter le monde – ou dans ce cas précis, les kilomètres à venir. Certaines femmes expliquent que, même essoufflées, trempées de sueur et avec des mollets en feu, le fait de savoir qu’elles se sentent bien dans leur peau aide à repousser leurs limites.

Et si le maquillage devenait cette petite armure ? Ce n’est pas un masque pour se cacher, mais plutôt un symbole subtil de valorisation de soi. Dans un monde où la performance est parfois glorifiée au détriment du bien-être personnel, se maquiller pour courir devient un témoignage d’amour-propre, une manière de dire : « Je cours pour moi, mais je veux aussi me sentir belle à mon propre regard. »

L’inconfort du regard des autres : une réalité encore pesante

Cependant, ce choix ne fait pas l’unanimité, loin de là. Certaines coureuses m’ont confié avoir été jugées pour cela : des remarques du type « Tu es là pour courir ou pour défiler ? » ou encore « À quoi bon ce maquillage si tu finis en sueur ? ». Des mots qui, parfois, blessent plus que les ampoules après une sortie longue.

À mon sens, ces jugements reflètent des stéréotypes persistants sur ce que la pratique sportive devrait être. Courir semble parfois être relégué à une quête pure de performance où l’apparence n’a pas sa place. Pourtant, le sport est autant une aventure physique qu’un voyage émotionnel et psychologique. Si une femme trouve du sens ou du plaisir à se maquiller pour l’accompagner dans cet effort monumental qu’est un Ultra-Trail, qui sommes-nous pour juger ?

Prenons une analogie simple : lorsqu’on prépare un ultra, beaucoup d’entre nous choisissent leurs tenues et équipements avec soin. Nous recherchons des chaussettes spécifiques, une veste parfaitement ajustée ou encore un bracelet porte-bonheur. En quoi le maquillage ne pourrait-il pas jouer ce même rôle de talisman personnel, quelque chose qui nous recentre et nous donne de l’élan dans les passages difficiles ? Après tout, chaque coureuse trouve son propre « carburant » pour avancer.

Une évolution des mentalités : entre esthétique et performance

Il serait faux de croire que ces choix esthétiques sont réservés à une minorité. À mesure que le sport se démocratise et envahit aussi nos réseaux sociaux, de plus en plus de femmes disent assumer pleinement leur envie de concilier performance et esthétique. Les marathons et ultras regorgent de participantes portant des lashes, rouges à lèvres, et même des coiffures impeccables. Un paradoxe ? Pas du tout.

Cela montre simplement que la frontière entre le sport et la vie quotidienne s’efface de plus en plus. Nous vivons dans une époque où le sport ne repose plus uniquement sur l’idée de la douleur et du dépouillement. Beaucoup d’entre nous y voient une manière d’exprimer qui nous sommes dans notre globalité, de mêler style et sueur, élégance et effort.

J’ai une amie, fervente pratiquante de trails en région montagneuse, qui porte toujours un rouge à lèvres corail pour ses longues sorties. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu avec un sourire : « Ce rouge symbolise ma flamme intérieure, ma force. Peu importe que tout coule à la fin de ma course, le simple fait de le porter m’inspire au départ. » Ce témoignage résume à lui seul cette nouvelle dynamique : courir maquillée, c’est une façon d’assumer sa féminité et ses envies, sans renier l’essence du sport.
Au final, que l’on courre maquillée ou sans un gramme de produits sur le visage, l’important reste le plaisir que nous retirons de nos foulées. Ce sujet va bien au-delà de la surface : il touche à la liberté d’être soi-même, quelles qu’en soient les formes. La montagne, les sentiers ou les routes n’ont aucun jugement à offrir, contrairement à la société. Alors, pourquoi ne pas prendre exemple sur la nature et offrir cette même bienveillance aux coureuses, peu importe leurs choix esthétiques ? Celle qui met du mascara pour courir, celle qui n’en met pas, ou celle qui court pieds nus en plein Ultra : toutes ont en commun cet amour pour le mouvement et la liberté. Et cela, c’est ce qui compte vraiment.

Audrey
Audrey
Audrey est adoratrice du trail. Elle pratique depuis plus de 10 ans maintenant plus pour l'amour de la nature que pour la compétition. Elle a finit 2 fois le Grand Raid en moins de 40h.

Sponsors

spot_imgspot_img

L'actu

Ryan Sandes en trail sur Lion’s Head : une sortie inspirante

Ryan Sandes, légende du trail running, a partagé une course inspirante avec la communauté **#VitalityTrailBlazers** sur Lion’s Head. Connu pour ses exploits dans les **quatre déserts** et ses victoires mythiques, il prône le dépassement de soi et la connexion avec la nature, au-delà de la compétition.

Anaïs Quemener : l’histoire captivante d’une athlète hors norme

Anaïs Quemener, championne de France de marathon (2016, 2022), brille aussi en trail. En 2023, elle est première Française au marathon de Paris (2h32) et vainqueure de l’EcoTrail 30 km. Aide-soignante, elle concilie sport et travail avec une détermination exemplaire, incarnant résilience et passion.

Les abandons en trail que personne n’ose vraiment expliquer

De plus en plus de coureurs abandonnent sans assumer leurs responsabilités. Le DNF devient parfois un moyen d'éviter d’affronter ses limites. Progresser, c’est reconnaître ses erreurs, pas accuser les conditions. L'humilité et la lucidité font avancer.

Le défi secret qui redéfinit les limites du trail running

Le Backyard Ultra est une course d'endurance unique où les participants parcourent une boucle de 6,7 km chaque heure jusqu'à l'abandon de tous sauf un. À Toulouse, Ronan Pierre, outsider, a triomphé grâce à une résilience mentale exemplaire. Cette épreuve met l'accent sur stratégie et force mentale.

Grand Raid du Ventoux : la leçon inattendue de Casquette Verte

Casquette Verte a terminé le Grand Raid du Ventoux avec deux heures de retard sur le vainqueur, mais incarne la véritable essence du trail : l’aventure humaine, la persévérance et l’humilité face aux éléments, où finir représente déjà une immense victoire personnelle.