Une fédération française d'athlétisme sous le feu des critiques
Il y a des histoires qui mettent mal à l’aise, des vérités qu’on préférerait ne pas entendre. Le dopage en course à pied, on le sait, existe depuis toujours. Mais ce qui dérange aujourd’hui, c’est moins l’existence du problème que la manière dont il est (mal) géré par ceux qui devraient le combattre. La Fédération Française d’Athlétisme (FFA) est actuellement dans la tourmente, accusée de fermer les yeux sur des pratiques douteuses, voire de sélectionner des athlètes dont l’histoire avec le dopage aurait pourtant dû les disqualifier.
Alors que la sélection pour les premiers Championnats d'Europe de Running bat son plein, il est difficile de ne pas se poser certaines questions. Comment peut-on redonner confiance aux pratiquants et aux passionnés de course à pied si des figures marquées par des affaires de dopage continuent d’évoluer au plus haut niveau ? L’histoire récente ne manque pas d’exemples troublants.
Des noms qui dérangent
Si vous suivez l’athlétisme, et plus particulièrement le trail ou la course sur route, certains noms évoquent immédiatement un parfum de controverse. Clémence Calvin, par exemple, s’est retrouvée au cœur d’un scandale après avoir été accusée d’avoir évité un contrôle antidopage en 2019 au Maroc. Résultat : quatre ans de suspension. Pourtant, aujourd’hui, son nom réapparaît dans l’univers de la compétition.
Autre cas polémique : Ophélie Claude-Boxberger, qui a été contrôlée positive à l’EPO en 2019. Si son affaire judiciaire a pris des tournures complexes, son cas illustre bien les tensions entre athlètes, fédération et instances antidopage. Alors, faut-il tourner la page et permettre à chacun d’avoir une seconde chance, ou bien considérer que ces infractions méritent une exclusion définitive ?
Le problème majeur que soulèvent ces sélections n’est pas seulement éthique, il est aussi symbolique. Quel message envoie-t-on aux générations suivantes ? Peut-on reconstruire une crédibilité quand des athlètes convaincus de dopage continuent de graviter autour des hautes sphères du sport français ?
Une problématique plus large que la fédération
Évidemment, il serait facile de pointer du doigt uniquement la FFA. Mais ce problème dépasse largement le cadre d’une seule fédération. On parle ici d’une culture du dopage qui existe dans de nombreux sports d’endurance, notamment en course à pied.
Prenons un instant pour penser aux milliers d’amateurs qui s’alignent sur des lignes de départ chaque mois en France, inspirés par les élites. Quel impact cela a-t-il sur eux lorsqu’ils soupçonnent que les performances de leurs idoles sont biaisées ? Quand on sait que certains athlètes convaincus de dopage continuent d’être mis en avant, de recevoir des opportunités, comment convaincre un jeune talent que le sport propre est encore la voie à suivre ?
Et puis, il y a aussi les entraîneurs, les dirigeants, les sponsors. Qui veut réellement une politique antidopage stricte si cela signifie perdre des médailles, de la visibilité, des financements ? La lutte contre le dopage, ce n’est pas seulement une affaire d’athlètes, c’est une question de volonté collective.
Alors, que faire ? Si nous voulons un sport plus juste, un sport dans lequel les performances inspirent plutôt qu’elles ne suscitent le doute, il faut exiger des mesures courageuses. Cela signifie un suivi rigoureux des athlètes, une transparence totale sur la gestion des sanctions et peut-être, oui, une réflexion sur la manière dont les fautifs doivent être réintégrés – ou non.
Le trail et la course à pied incarnent des valeurs fortes : l’effort, l’authenticité, la résilience. Il est essentiel que la FFA et l’ensemble des acteurs du sport se rappellent que ces valeurs ne sont pas négociables. Le combat contre le dopage ne doit pas être une simple formalité, mais un véritable engagement. Nos montagnes, nos sentiers, nos routes méritent mieux.

