Un rendez-vous printanier devenu incontournable
Chaque année, lorsque le printemps commence à caresser les monts du Lyonnais de sa lumière dorée, je sais qu’un moment particulier approche : celui du Trail des Coursières. Ce week-end-là, il flotte dans l’air comme un parfum d’effort partagé, de boue sur les mollets et de sourires complices à l’arrivée. Et cette 22e édition, tenue en avril 2025, n’a pas failli à la tradition. Elle a même, oserais-je dire, élevé encore un peu plus le niveau, tant sur le plan sportif que sur celui de l’émotion pure.
Imaginez une alchimie rare : une météo radieuse—ni chaleur écrasante, ni frimas mordant—, des sentiers mythiques entre Beaujolais et Monts du Lyonnais, et quelques 2000 coureuses et coureurs venus en découdre ou seulement vibrer ensemble. Ce tableau, grand ouvert sur la nature brute mais accueillante, plante le décor de ce que nous pourrions appeler une fête amoureuse du trail.
On sentait, dès les premiers dossards retirés, que quelque chose de fort allait se passer. Les plus aguerris avaient l’œil steelé de ceux qui comptent bien laisser une trace sur cette terre vallonnée, tandis que les néophytes, souvent engagés sur le 25 km « découverte », laissaient deviner un mélange d’appréhension et d’ivresse débutante. Un peu comme ce qu’on ressent avant un premier rendez-vous amoureux.
Des formats exigeants, des héros discrets
Les Coursières, c’est un peu comme une playlist trail idéale : plusieurs niveaux de difficultés, mais toujours la même passion. Cette année encore, l'ultra de 103 km a offert un spectacle de haute volée avec des rebondissements dignes des meilleurs feuilletons sportifs. Là-haut, dans les crêtes sombres avant l’aube, les favoris s’épiaient comme des félins, chacun à l’affût de la faille, du coup de moins bien de l’autre.
Et soudain, entre le 65e et le 80e kilomètre, le jeune Nicolas D., quasi inconnu, a provoqué une accélération qui a laissé derrière lui des noms plus établis. Il finira en tête, en larmes, accueilli pour son premier ultra terminé… et gagné ! Une belle leçon d’humilité pour ceux qui pensaient que les classements annuels résument le potentiel d’un humain.
Le 53 km, lui, a vu la victoire d’une athlète féminine que beaucoup connaissent bien, mais dont on sous-estime encore souvent la régularité : Claire B., venue là pour « faire une bonne séance longue » (rires). Elle a déroulé avec une aisance déconcertante, souriante aux ravitos, attentive aux bénévoles, applaudie tout du long. C’est ça aussi, le trail : savoir briller sans écraser.
Quant au relais, souvent considéré comme plus « léger », il a offert des scénarios haletants avec des passages sur la ligne dans un public chauffé à blanc, et des enfants qui tendaient les mains pour un « high five ». Ce format crée des ponts : entre les générations, entre les vitesses, entre les profils. Et c’est tellement précieux dans un sport souvent solitaire.
Une ambiance unique et précieuse
Ce qui me marque le plus, chaque année, ce n’est pas tant les chronos ou les écarts, mais l’ambiance qui règne aux Coursières. Il y a quelque chose dans l’air, comme une envie collective de se reconnecter à la simplicité du pas après pas, de sortir du monde numérique trop bruyant pour retrouver cette vérité-là : un corps qui avance dans un décor magnifique, porté par une dynamique humaine rare.
La qualité de l’organisation y est pour beaucoup. Fléchage précis, ravitos gérés avec sourire et efficacité, bénévoles tous plus attentionnés les uns que les autres. Et ce petit mot glissé dans le sac coureur, cette année, qui disait juste : « Faites-vous plaisir. ».
C’est peut-être ça, justement, qui résume le mieux cette édition 2025 : un immense plaisir partagé. De ceux qui traversent les disciplines, les niveaux, et même les générations. On a vu un grand-père finir main dans la main avec son petit-fils sur le 25 km. On a entendu des respirations haletantes au sommet du col de la Croix du Ban. On a senti cette énergie particulière, celle qui vous pousse à revenir l’année suivante, peu importe la douleur encore dans les jambes.
Alors je vous pose la question : et vous, vous y étiez ? Ou bien est-ce que ces lignes vous donnent justement envie d’enfiler vos chaussures, de tracer un trait sur votre agenda d’avril 2026, et de venir vivre tout ça par vous-mêmes ?
Le Trail des Coursières 2025 nous a rappelé une chose essentielle : courir, ce n’est pas fuir. C’est aller vers. Vers soi, vers les autres, vers les paysages qui nous chavirent. Dans cette édition gorgée de soleil, entre exploits discrets et élans collectifs, c’est toute la magie du trail qui s’est exprimée. À celles et ceux qui aiment le sport bien fait, le partage sincère, et les sentiers qui racontent une histoire : à l’an prochain, sur cette terre de Coursières.

