Une journée bénie par les dieux du trail
C’était l’un de ces matins d’avant-course où l’air semble vibré d’une énergie subtile, entre stress et excitation, comme si les Monts du Lyonnais eux-mêmes retenaient leur souffle. Le samedi 10 mai 2025, pour la 22e édition du Trail des Coursières, on avait sorti le grand ciel bleu, les caresses du soleil, et ce petit frisson matinal qui pousse chaque coureur à ajuster une fois de plus ses lacets, à fermer sa veste, à jeter un regard discret à ceux et celles qui s’apprêtent à partager l’aventure.
Pas moins de 1 600 participants s’élancent cette année à travers plusieurs formats. Dans ce coin du Rhône, la tradition est respectée : c’est le trail pour de vrai, celui qui fait rimer engagement physique avec connexion à la nature. Une course pour amoureux du dénivelé, où les ravitaillements sentent le fromage fermier et les bénévoles connaissent le prénom de ceux qu’ils soutiennent.
Mais parmi tous ces sourires salés de sel séché, il en est un que l’on attendait : Julie Puthoste. L’air déterminé, le geste précis, elle avançait vers son troisième départ sur l’ultra comme on monte en scène avec assurance. Car oui, cette année encore, elle allait écrire l’histoire du trail — à nouveau — à son nom.
Julie Puthoste, la reine des Monts du Lyonnais
Il y a des courses où l’on gagne. Et puis, il y a celles que l’on domine. À 28 ans, Julie Puthoste entre dans cette rare catégorie d’athlètes qui marquent un parcours à jamais — comme François D’Haene sur l’UTMB ou Pau Capell à la Transgrancanaria. Trois années de suite, elle s’impose sur le format ultra : 105 km, 4 800 mètres de D+, un terrain exigeant, boueux ou technique, toujours cassant. Et pourtant, cette édition 2025, elle la termine avec ce même sourire qu’on lui connaît depuis sa première victoire ici, en 2023.
Ce n’est pas seulement sa foulée qui impressionne. C’est sa relation quasi fusionnelle avec la course. Elle ne vient pas seulement pour performer ; elle vient pour revivre quelque chose d’indicible, un lien presque intime avec cette terre qui l’a vue s’épanouir. Dans les sentiers, on sent qu’elle écoute les pierres, qu’elle parle aux sous-bois, qu’elle négocie chaque montée avec respect.
Son arrivée à Sainte-Catherine était attendue comme celle d’une légende locale. Des enfants tendent la main, des coureurs amateurs s’inspirent, prennent exemple. Julie incarne l’esprit du trail sans flafla ni podium Instagram : de la sueur, des valeurs et une joie pure à partager.
Une course à taille humaine au cœur d’un trail passionné
Ce qui fait la beauté du Trail des Coursières — et peut-être aussi son secret — c’est son équilibre entre exigence sportive et convivialité assumée. On n’est pas ici dans une machine huilée où chaque coureur est un dossard. Non. Ici, chaque concurrent est un invité, un membre d’une grande famille où l’on se reconnaît au détour d’un virage ou d’un poste de ravitaillement.
Je vous parlais d’analogie… eh bien, cette course, c’est un peu comme un vieux refuge au sommet d’une crête : il faut s’y rendre avec sueur et effort, mais une fois franchi le seuil, vous trouvez chaleur et accueil. L’ambiance est rustique, passionnée, pas prétentieuse : le trail comme on l’aime, authentique, ancré dans son territoire.
Et la diversité des formats (du 15 km au 105 km) rend ça encore plus beau. Ce mélange de profils crée un espace inspirant, presque utopique : les vétérans côtoient les rookies, les familles viennent encourager, les anciens bénévoles transmettent leur savoir-faire.
Comment ne pas rêver d’y prendre part ? Et vous, avez-vous déjà goûté à une course où le chrono compte moins que le coucher de soleil sur un col ? Racontez-moi ça.
En 2025, le Trail des Coursières a prouvé une chose précieuse : le trail de cœur, de terroir et de vérité existe encore. À travers la performance exceptionnelle de Julie Puthoste et l’engagement des 1 600 passionnés présents, l’événement s’est affirmé comme un phare dans le paysage du trail français. Il nous rappelle pourquoi nous aimons courir loin du bitume, rencontrer des âmes qui respirent la même passion, et partager une aventure où la ligne d’arrivée n’est qu’un prétexte au chemin parcouru. Un immense bravo à l’organisation, aux bénévoles, aux anonymes et aux héros — et à toi, chère Julie, qui réenchantes les sentiers.

