Bien choisir ses bâtons de trail : un allié trop souvent négligé
Je me souviens encore de cette montée interminable lors de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Il était deux heures du matin, les jambes lourdes, le souffle court, l’esprit basculant entre lucidité et rêverie. Ce soir-là, mes bâtons étaient plus que des outils, ils étaient mes compagnons de lutte. Ce souvenir guide encore aujourd’hui mon regard de coach et de journaliste lorsqu’il s’agit de répondre à la fameuse question : quels sont les meilleurs bâtons pour le trail en 2025 ?
Choisir une paire de bâtons, c’est un peu comme choisir des chaussures : il ne suffit pas qu’ils soient beaux ou légers. Il faut qu’ils soient adaptés à votre pratique, votre morphologie et aux terrains que vous fréquentez. Derrière cette apparente simplicité se cache un monde technique — mais passionnant — que j’ai envie de démystifier avec vous.
Les types de bâtons : comprendre leurs fonctions pour mieux choisir
Pour débuter, identifions les trois grandes familles : pliables, télescopiques et monobrins. Chacune répond à des usages spécifiques — à vous de voir laquelle correspond à votre pratique.
Les bâtons pliables sont devenus les stars des sentiers techniques : compacts, ultra-faciles à ranger derrière un sac ou à la ceinture, ils allient légèreté et praticité. Ils sont souvent plébiscités par les coureurs expérimentés. J’ai en mémoire cette image de François D’Haene les sortant en quelques secondes dans les pentes raides du col de la Forclaz. Ce genre de fluidité se travaille… mais commence par le bon matériel.
Les télescopiques sont quant à eux parfaits pour les amoureux de la polyvalence. Réglables à souhait, ils permettent d’ajuster la hauteur en fonction du terrain ou même de les prêter à un/e partenaire. Ce type convient très bien aux débutants ou aux randonneurs/traileurs « tout-terrain ».
Enfin, les monobrins, souvent réservés à la pratique nordique ou à l’entraînement spécifique, offrent une rigidité maximum et un poids minimal. Mais avec un gros défaut pour les traileurs : le transport encombrant. Ils sont rares sur les courses, sauf dans du sprint-montagne pur.
Matériaux, confort et ergonomie : des détails qui changent tout
Au-delà de leur forme, les bâtons se distinguent par la matière dont ils sont faits. Là aussi, deux grandes écoles : carbone ou aluminium.
Les bâtons en carbone séduisent par leur côté plume et leur capacité à absorber les vibrations, un vrai atout quand on court sur plusieurs heures. Mais attention : le carbone n’aime ni les chocs, ni les torsions. En cas de chute, il peut casser net, un peu comme une branche sèche. Leur prix peut aussi en refroidir plus d’un, surtout pour un usage occasionnel.
Les modèles en aluminium, eux, offrent plus de résistance notamment contre les maladresses. Un peu plus lourds ? Certes. Mais plus abordables, robustes, et rassurants. Si vous êtes du genre à malmener votre matériel ou évoluer sur des terrains engagés, c’est un excellent compromis.
Et puis, il y a toutes ces petites subtilités qui transforment une bonne paire en excellente compagne d’échappée : les poignées en mousse (très absorbantes) ou en liège (plus agréables au toucher), les dragonnes ajustables qui évitent de trop serrer la main, et les systèmes de pliage ou de serrage. Simple mais fiable, voilà ce qu’on recherche quand on est au fond de la Chartreuse ou dans la caillasse des Calanques.
Adapter ses bâtons à son profil et à ses défis
Comme souvent dans le sport outdoor, la personnalisation de l’équipement fait toute la différence. On ne court pas un 10 km en ville avec les mêmes baskets qu’un ultra de 160 km dans les Alpes. Il en va de même pour les bâtons.
Un débutant ou traileur occasionnel aura tout intérêt à se tourner vers un modèle télescopique en aluminium, capable de l’accompagner aussi bien sur une sortie rando que sur une première compétition. L'objectif ici est de comprendre l’usage, de tester la sensation, sans exploser son budget.
Pour les traileurs réguliers ou compétiteurs, cap sur des pliables en carbone : un gain de poids et de fluidité non négligeable, surtout sur les longues distances. Pensez à cette économie d’énergie comme un investissement : sur un ultra, la fatigue s’accumule vite, et ces 100 ou 200 grammes de moins peuvent vraiment faire la différence au 80e kilomètre.
Enfin, pour les ultra-traileurs les plus exigeants, des modèles hybrides (carbone renforcé, alu dans certaines sections) apportent un bon équilibre entre poids et solidité, souvent avec des systèmes de pliage ultra-performants et des poignées optimisées pour les longues heures d'usage intensif.
Dernier conseil de coach : soyez pointilleux sur la taille. Trop longs, vos bâtons vous gêneront en descente ; trop courts, ils ne serviront à rien en montée. Multipliez votre taille par 0,68 pour avoir un bon repère de départ.
Au final, les bâtons ne sont pas un simple accessoire : ils prolongent votre corps, soulagent vos cuisses, équilibrent vos gestes et vous accompagnent dans la difficulté. Bien les choisir, c’est s’éviter des douleurs inutiles et maximiser ses chances de succès, quel que soit son niveau. Prenez-le comme un investissement dans la durée, un compagnon fidèle de vos aventures. Et souvenez-vous : un bon bâton, c’est celui qu’on oublie… parce qu’il fait exactement ce qu’on attend de lui, sans qu’on ait à y penser.

