Florea et Kiriago triomphent sous le feu italien : le Golfo dell'Isola comme révélateur
Courir dans un four ouvert. Voilà à quoi ressemblaient les conditions de course ce week-end à Noli, sur la splendide mais impitoyable côte ligure, pour la 2ᵉ manche de la Golden Trail World Series 2025. Une chaleur étouffante, un terrain cassant, des montées raides comme des murs de forteresse, et des descentes techniques à couper le souffle. Quand on aime le trail, on sait que les éléments sont toujours les premiers adversaires. Mais parfois, ils deviennent juge, arbitre et bourreau.
Si vous avez déjà tenté de courir en plein cagnard sur des sentiers escarpés, vous comprendrez la prouesse : Robert Florea, l’inattendu mais inspiré Roumain, a renversé tous les pronostics en s’imposant devant les favoris. Chez les femmes, Joyce Muthoni Kiriago a prouvé qu’elle jouait dans une autre dimension, en pareille chef de file qu’un Kilian Jornet au sommet de son art.
Des scénarios comme cela, on en rêve. En les vivant, ils deviennent des souvenirs gravés à jamais. Une parabole du courage et de la science de la course.
Robert Florea, la surprise d’un homme en feu
Rares sont les coureurs venus de Roumanie à briller sur la GTWS. Encore moins à la victoire. Mais Robert Florea, lui, s’est dressé comme un roc face aux géants. Pas à pas, il a construit sa course avec une intelligence froide, attendant le bon moment pour frapper.
Il faut imaginer : un peloton d’élite lancé dès les premiers kilomètres sur des crêtes escarpées, sous un soleil digne d’un mois d’août dans le Sahel. Tous partent fort, pensent tenir. Puis, la pente s’intensifie, la chaleur pèse, les visages rougissent — et les jambes lâchent. C’est là que Florea, tel un félin tapi dans l’ombre, porte son attaque dans les ultimes kilomètres, laissant sur place Puppi et Hadorn, pourtant bien préparés.
Ce coup de théâtre nous rappelle que le trail, ce n’est pas qu’une question de puissance. C’est l’art de lire une course, de sentir quand appuyer, quand souffler, quand souffrir. Florea, à Noli, a récit cette partition à la perfection — et entre ainsi dans le cercle très fermé des vainqueurs GTWS.
Joyce Muthoni Kiriago : la grâce au pas de course
Elle ne court pas, elle flotte. Joyce Muthoni Kiriago, représentante du Kenya sur les sentiers européens, incarne cette foulée aérienne, cette concentration zen malgré les éléments. À Noli, elle n’a jamais semblé paniquer, ni même hésiter. Comme si elle savait que la victoire lui appartenait déjà.
Les adversaires n'ont pourtant pas manqué : Johanna Åström en grande forme, Maude Mathys bien décidée à ne pas se faire distancer. Mais la régularité de Kiriago, sa résistance à la chaleur et son instinct de gestion étaient d’un niveau supérieur. Tel un métronome, elle a imposé son tempo… et les autres ont suivi — ou plutôt tenté de suivre.
Kiriago, c’est un peu comme observer un funambule sur une corde entre deux sommets. Chaque pas est précis, calculé, sans bavure. Elle est favorite pour le général 2025, et sa performance ici ne fait que confirmer sa domination naissante sur ce circuit toujours plus relevé.
Une course révélatrice dans tous les sens du terme
Le Golfo dell’Isola s’est montré sous un jour impitoyable. On a vu des dès le départ des visages fiévreux, des corps pliés par la chaleur, des têtes d’affiche abandonner, prises de vertiges ou piégées par une stratégie trop audacieuse.
Parmi les enseignements : la montée finale de Manie a fait exploser les coureurs comme une côte au Tour de France. Combien s’y sont perdus ? Combien y ont tout donné ? C’est dans ces derniers kilomètres que la vérité s’est jouée. Et n’est-ce pas cela, le trail ? Une longue conversation émotionnelle avec soi-même, et parfois, une claque magistrale du terrain.
Il faut aussi voir comment cette course s'inscrit dans la dynamique de qualification pour la finale GTWS. Ceux qui ont brillé ici, comme Florea et Kiriago, se placent en excellents prétendants au podium final. Et ceux qui ont flanché devront tout donner sur les prochaines manches. Rien n’est joué, mais certains visages, déjà, se dessinent.
Dans cette manche brûlante sur les hauteurs de Noli, le trail running a prouvé, une fois encore, qu’il est bien plus qu’un sport : c’est une école d’humilité, une leçon de vie. Robert Florea et Joyce Muthoni Kiriago nous ont rappelé que le talent ne suffit pas — il faut du cœur, de la maîtrise, une pointe d’audace et beaucoup de résilience. Ces deux-là n’ont pas seulement gagné une course : ils ont marqué les esprits. Et vous, qu’auriez-vous fait dans ces conditions ? Quel est votre souvenir de course le plus extrême ? Partagez-le, faisons vivre ensemble cette communauté de passionnés où chaque foulée raconte une histoire.

